EGLISE SAINT-SATURNIN DE BUZY
Ce village est mentionné en 1096 dans la dédicace de l'église de Saint-Pé de Générès. Il est par ailleurs connu pour ses nombreux crestadous qui partaient exercer leur métier en Espagne et se confiaient avant leur départ à Saint-Saturnin, leur patron.
Placée sur un des chemins jacquaires de l'Ossau l'église est comme la chapelle de Meyracq et l'ancienne église d'Espalungue, placée sous le patronage de Saturnin, grand saint martyr de Toulouse au III° siècle. Il y eut un lieu de culte dans ce village dès le Moyen-âge, mais nous en avons perdu la trace. Par ailleurs il existe toujours sur la colline, une chapelle dite du Burguet. Elle est dédiée à la Vierge Immaculée et a été récemment restaurée. Elle se trouverait sur un tumulus résultant des anciennes sépultures; en effet cette chapelle était entourée d'un cimetière où l'on aurait retrouvé des corps mis en terre dans leurs linceuls. Nous savons qu'il y avait également depuis de longs siècles un culte envers Saint Blaise et qu'une prébende importante y avait été fondée par Jean de Lassalle.
L'église fut dotée très tôt d'un beau retable, vraisemblablement au début du XVI° siècle, car la Communauté de Laruns le prit comme modèle pour faire réaliser celui de l'autel de la Vierge, dans l'église Saint-Pierre en 1518 enrichi de bonnes couleurs et d'or.
Le bâtiment actuel est relativement moderne. Il a été édifié sur une terre donnée au centre du village actuel, avec nef et deux collatéraux. Bâti en 1734 il a été repris dans les parties hautes du clocher, au niveau du porche ainsi que des baies au XIX° siècle. De grands vitraux modernes éclairent et illuminent l'église, tandis qu'un oculus répand sa lumière au dessus du chœur. Deux autels du XIX° siècle occupent les bas-côtés; selon la dévotion de cette époque l'un est dédié à la Vierge et l'autre à Saint Joseph.
Le retable de l'autel majeur a été remanié, certainement au XIX° siècle. Tout en fond du chœur subsiste un ancien tableau de la Crucifixion, peint sur toile très endommagé qui devait occuper la partie centrale du retable. En avant on a remonté un corps d'architecture composé de panneaux de bois peints et dorés qui encadrent les parties anciennes d'un autel-retable du début du XVIII° siècle.
Le tabernacle comporte trois niveaux et se déroule sur toute la longueur de la table d'autel dans un mouvement très harmonieux. La Vierge à l'enfant est dans l'étage médian sous un dais, reposant dans une niche. Malheureusement les statuettes d'applique, disposées de part et d'autre de la réserve eucharistique ont disparu. On a replacé dans le chœur l'élégante cuve de la chaire baroque exécutée au XVIII° siècle.
En fond de nef un départ d'escalier sculpté, menant à la tribune, présente un décor végétal et un aspic dont la tête se détache du corps de la rampe ainsi que la fine sculpture d'un ostensoir sur le pilier de base. A coté une profonde cuve baptismale trône sous la tribune.
L'église conserve la partie supérieure du tombeau de Jean de Lassalle anciennement érigé dans cette église. Jean de Lassalle était originaire de Buzy et possédait d'ailleurs une maison forte dans le village. Né vers 1445, il fait ses études au Collège de Foix à Toulouse. Il fut évêque du Couserans de 1475 à 1515 puis de Lescar jusqu'à sa mort en 1522. Proche de Pierre de Foix il fut son chancelier et l'accompagna notamment en Italie. Il fut chargé de l'éducation de François Phébus et présida le couronnement en 1494 de Jean d'Albret et de Catherine de Navarre à Pampelune. Il réforma la justice et fut conseiller à la cour.
Allongé sur la dalle funéraire l'évêque est habillé de son somptueux vêtement épiscopal, véritable dentelle de marbre. Son visage est très travaillé et réaliste, yeux clos et lèvres plissées. Deux angelots supportent un coussin sur lequel repose sa tête tandis que deux autres à ses pieds présentent une inscription. Ce genre de sculpture funéraire fut réalisé pour magnifier le rôle et la présence de l'épiscopat, elle s'inscrit dans la lignée des gisants de grands personnages ecclésiastiques du XV° et XVI° siècle de la sculpture funéraire française. On peut lire l'inscription: Johannes de Aula, quadraginta annis Coseranus episcopus, in Lascurrensis etiam, cancellarius Fuxi et Bearnii.
Jean de Lassalle, évêque du Couserans pendant quarante ans, puis de Lescar, chancelier de Foix et Béarn.
La paroisse connut une activité assez importante au cours du XIX° siècle, une association de la Bonne Mort est fondée en 1871, il existe une congrégation des Filles de Marie et une autre des Mères Chrétiennes, en plus des deux confréries relativement anciennes du Saint-Sacrement et du Rosaire.
Source F Fabre