EGLISE SAINT GERMAIN D'ARUDY

 


                         Église paroissiale placée sous le patronage de Saint Germain évêque  de Paris, auteur de nombreux miracles, patron des prisonniers et protecteur des incendies. Remonte à la fin du XII° siècle vraisemblablement. Restes de murs romans et quelques baies en partie murées dans la nef.  Modifiée et agrandie au début du XVI° siècle  dans le style gothique flamboyant.

 

                         Vaste édifice avec abside polygonale profonde et une nef de trois travées. Voûtes en croisées d'ogives  avec d'élégants liernes et tiercerons. Sur les clés de voûtes  on identifie le lion de saint Marc, l'ange de saint Mathieu, l'aigle de saint Jean et le bœuf ailé de saint Luc,  deux vaches et deux ours peut-être emblème de la vallée d'Ossau et des évêques, Saint Germain  et Saint Blaise apparemment. Dans la nef saint Laurent portant son gril et une bourse. Dans les bas- cotés sud c'est saint Eloi, en tunique un marteau dans la main et saint Michel. Sur les chapiteaux engagés de la nef  on reconnaît  un riche bourgeois, un vieillard à grande barbe et un ange.

 

                         Bas-côtés  formés par les anciennes chapelles édifiées par les confréries le long de la nef.  Au sud,  chapelle de  Sainte Lucie, protectrice des yeux et de la lumière, patronne des teinturiers et tisserands, et Saint Eloi, patron des orfèvres et forgerons et celle de Notre Dame et Saint Michel. Au nord, chapelle Saint Blaise, protecteur du bétail, guérisseur et patron des tailleurs de pierre, suivie de celle de Saint Crépin, patron des travailleurs des cuirs et peaux, et celle des fonts baptismaux.

                         Retable du maître-autel du 17° siècle surmontant  un tabernacle de bois doré  décoré de plusieurs statues d'anges et d'un crucifix: œuvre de Ramon de Laforguette d'Iseste, réalisé en 1646. Quatre somptueuses colonnes torses jumelées, corinthiennes, cannelées et dorées, un fronton triangulaire interrompu et deux grands anges sonneurs de trompe. Une peinture du 18° siècle, le Christ crucifié assisté d'un ange et accompagné de la Vierge et de saint Germain. Des peintures murales du 18° siècle complètent le décor

 

                         La façade ouest,  avec son un portail néo-roman est ornée d'un Christ entouré par les symboles des évangélistes. Au sud la grande porte gothique flamboyant (1527)ouvre sur un porche profond avec  porte en accolade typique des églises de la vallée d'Ossau: arc surbaissé en anse de panier, tympan abritant une niche encadrée par deux anges musiciens ; le tout cerné par une arcature en accolade ornée de choux frisés et inscrit dans un rectangle cantonné de pinacles et surmonté d'une frise à fleurons fleurdelisés, rappelant les décors rectangulaires des alfiz mozarabes.

 

 

Source F. Fabre

CHAPELLE SAINT-MICHEL D'ARUDY

 

 

 

            Il existe depuis le Moyen-âge un culte envers Saint-Michel dans l'église d'Arudy; une chapelle lui est dédiée au XV° siècle, la première chapelle sud où l'on voit une clé de voute qui le représente. On y associe au XVII° siècle le culte de la Vierge grâce à un don important du à Barthelemy d'Esquerre; ce sera désormais la chapelle Notre-Dame- Saint-Michel, ce dernier servant souvent de protecteur à la Vierge. Considéré comme un des plus grands personnages saints au Moyen-âge, combattant le mal, chef des armées célestes, regardé comme un ange gardien, saint Michel est imploré lors des calamités et de nombreux pèlerinages sont organisés en son honneur. Celui du Mont-Saint-Michel étant encore très important de nos jours.

            En 1652-1654 la vallée d'Ossau est frappée par une dernière grande épidémie de peste et à Arudy l'on a recours à son intercession ainsi qu'à celle de la Vierge. Le travail de laine, et les activités de tanneries et pelleteries cessèrent pour favoriser l'hygiène et éviter les échanges commerciaux qui encourageaient la contagion. Le curé André de Laa s'occupa de secourir les familles et exhorta les paroissiens à se mettre sous la protection de Saint-Michel. Egalement tous les villages de l'Ossau, selon un vœu fait le 21 novembre 1653, partiront en pèlerinage à Bétharram, à la fin de l'épidémie, pour remercier la Vierge d'avoir épargné une partie de la population. On était en effet dépourvu de traitement efficace et les médecins et chirurgiens se contentaient de prescrire quelques fumigations et la mise en quarantaine pour éviter la propagation de la maladie. Comme dans tous les villages on délimita un espace en bordure de son territoire où l'on construisit quelques huttes de bois et on y abandonna les malades que les familles devaient venir nourrir. Il est évident que les pestiférés pratiquement sans soins, sans nourriture reconstituante, abandonné de l'affection des leurs, terminaient leur vie dans des souffrances d'autant plus horribles qu'ils étaient en plus privés des derniers sacrements de l'Eglise et étaient ensevelis sur place dans une fosse. A Arudy c'est à Meur que l'on regroupa les malades dans les huttes, du coté du gave, face à Louvie-Juzon

            Donc à la fin de la contagion les paroissiens décidèrent selon le vœu qu'ils avaient formulé de construire sur la colline au dessus, une chapelle dédiée à Saint-Michel. Son culte s'implante souvent sur une colline en souvenir du Mont-Gargan en Italie sur lequel l'archange serait descendu et où l'on aurait gardé l'empreinte de son pied; légendairement un morceau de ce rocher aurait été transporté au Mont Saint-Michel. Les archives de la commune rédigées en 1681, précisent: Une petite chapelle dédiée à Dieu sous l'invocation de saint Michel sur une éminence fut bâtie après la contagion; il y a trois croix représentant un calvaire, le tout sur le rocher de Meur, appartenant à la communauté...et il y a un petit morceau de terre qui a servi de cimetière lorsque la communauté fut affligée de la peste.

            Pour réaliser la chapelle d'Arudy la communauté s'adressa à des artisans de la région; il y avait à cette époque une famille de sculpteurs et doreurs célèbre à Izeste, les Braydine et Abbadie qui exécutèrent un retable en bois sculpté, peint et doré avec belles colonnes et un balustre pour délimiter la partie du sanctuaire. A la fin du XVIII° siècle on répara les menuiseries et l'on recrépit et blanchit les murs intérieurs et extérieurs grâce à un généreux don de Fondeyre.

            Au XX° siècle la chapelle resta malheureusement ouverte à tous les vents et destructions; elle perdit une grande partie de son décor vers 1970 et fut vandalisée. La paroisse s'adressa donc au peintre régional Pierre Martinez pour recréer un décor moderne en l'honneur de Saint Michel.

Source F. Fabre