Diocèse

 

 

 

 

Vie du MCR

A la manière du Qohelet (l’Ecclésiaste chapitre12)

 


 Quand la montée du chemin familier t’oblige à reprendre souffle deux fois plutôt qu’une !

Quand la terre de ton jardin s’abaisse chaque jour davantage et que le frimas du matin te contraint à endosser ta vieille pèlerine !

Quand les voitures vont toujours plus vite et que les motocyclettes font trop de bruit !

Quand tu déplores que les jeunes parlent trop vite et écrivent en raccourci !

Quand tu souris lorsque tes vieux amis jettent encore un regard sur le miroir trompeur et qu’ils s’accrochent désespérément aux vieilles peaux de leur image fanée !

Quand les mots refusent obstinément de franchir la barre de tes lèvres !

Quand tu te retrouves bras ballants et tête vide dans une pièce où tu allais chercher une chose pourtant indispensable à ta vie!

Quand tu déclines arthrose, scoliose, sciatique dans les détails et sans te tromper !

Quand tu as trouvé le kiné idéal et le somnifère miracle !

Quand tu connais plus de monde sous les pierres tombales du cimetière que sous le toit des maisons de ton village !

Sache mon ami que tu es devenu vieux. Qualificatif que tu ne manqueras de m’attribuer, certainement avec raison, quand tu auras lu mon papier même si nous avons à notre disposition des termes plus élégants baignés d’adoucissants comme « aîné » ou « ancien »!

Sache encore que le temps est venu de faire le tri entre l’accessoire et l’essentiel, le provisoire et le définitif, le temporel et l’éternel, car « il y a un temps pour tout » : un temps pour incendier, un temps pour ramasser la cendre, un temps pour la laisser s’envoler et un temps pour quelle amende la terre. Tu entres dans le temps des cendres. L’expérience bi- millénaire de la sagesse de L’Eglise l’a convaincue qu’il ne fallait pas en rajouter dans les privations avec les personnes âgées. L’âge avancé est un bon pédagogue pour « se détacher des choses qui passent et pour s’attacher à celles qui ne passent pas » selon le conseil de Saint Paul. Alors, à l’abri des vains discours,  tu écouteras, dans le silence des germinations souterraines, l’hymne de la vie qui sort toujours des cendres…

 


Jean Casanave